I N T R O D U C T I O N

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All images copyright © 2000-2024 Philippe Moisan. All rights reserved.


French text followed by the English translation.

Introduction.

Ce texte nous propose un voyage photographique s'étendant sur une vingtaine d'années, dans lequel l'image devient un carnet de notes, transformant la brutalité du réel en une réalité remodelée et tolérable. L'auteur découvre la photographie dès son enfance, influencé par ses parents travaillant dans l'édition de livres de grands photographes. Son premier contact avec un appareil photo lui révèle l'importance de cet art dans sa vie. Initialement attiré par la photographie de mode, il trouve satisfaction dans la création d'images esthétiques répondant aux besoins de la mode et de la publicité. Cette période jette les bases techniques nécessaires pour son voyage solitaire à travers le monde.

Inspiré par la philosophie du Tao, l'auteur remet en question l'idée occidentale selon laquelle on peut atteindre tout ce que l'on désire. Cette injonction au "résultat" l'étouffe, et il cherche un sens plus profond dans sa vie. Lors de ses voyages à travers le monde en travaillant dans l'aéronautique, il ressentait toujours qu'il lui manquait quelque chose. C'est sur l'île de Marie Galante, en prenant des photos sur une plage volcanique, que tout devient clair. La photographie devient son accompagnatrice, lui enseignant à regarder, écouter et se concentrer.

Au cours des années 90, la photographie de mode le passionne. Ayant grandi dans le milieu de l'édition, des arts plastiques et de la publicité, il privilégie les photos percutantes nécessitant une « bonne idée » . Ses références se trouvent chez des photographes tels qu'Helmut Newton, Pieter Lindberg et Guy Bourdin, ainsi que dans l'esthétique du cinéma allemand de Fritz Lang et des films soviétiques d'Eisenstein.

Deux décennies plus tard, il réalise combien cette iconographie l'a marqué. Ses incessants voyages à travers le monde lui fournissent de la matière, et il découvre la renaissance artistique du Brésil. La musique, le cinéma, les arts de rue, l'architecture d'Oscar Niemeyer et la photographie bouillonnent à Sao Paulo et à Rio de Janeiro, offrant à l'auteur une opportunité de participer à ce mouvement.

La musique, qui a toujours structuré sa vie, se mélange à d'autres influences, créant des couleurs et des motifs d'impressions et de sentiments. Tout ce matériau émotionnel construit un univers qu'il tente de partager à travers sa photographie.

Puis, Philippe arrive en Asie du Sud-Est, où il s'installe à Bangkok en quête de calme et de respiration après les excès de l'Amérique du Sud. Plongé dans la société thaïlandaise, il réalise que son parcours ne correspond en rien à ses illusions occidentales sur l'Asie. Sa propre histoire complexe se trouve submergée par une culture profondément différente. Il comprend que son objectif n'est pas de recréer son Occident en Orient, mais de transformer et faire évoluer son univers humain et artistique grâce à cette nouvelle sensibilité.

Philippe Moisan souligne que l'idée répandue d'une sagesse naturelle de l'Asie est un fantasme qui ne correspond pas à la réalité. L'équilibre y est tout aussi difficile à trouver, voire plus, qu'ailleurs. Les souffrances coexistent avec le consumérisme effréné des nouvelles classes moyennes, et il revient à chacun de tempérer sa propre blessure, de comprendre ses sources et de retrouver son souffle.

C'est un long apprentissage qui apporte l'équilibre. Philippe a choisi de s'établir dans cette région, car elle lui offre de nouvelles perspectives qu'il tente de traduire à travers sa photographie.

Il se sent désormais plus sensible à la poésie des peintres impressionnistes, qui cherchaient à exprimer une impression de beauté première, une impression spirituelle, un souffle de clarté et de lumière, plutôt que de se perdre dans une intellectualisation excessive des concepts qui relève davantage de l'accroche publicitaire. Le conceptuel est voué à l'échec, car il traduit une idée qui sera rapidement dépassée, voire futile et prétentieuse. La poésie et la beauté échappent au concept, elles sont intemporelles. La beauté, instinctive et universelle, attire naturellement notre regard. Il se rapproche de la pensée de François Cheng, écrivain français d'origine chinoise et membre de l'Académie française. À travers ses ouvrages, Cheng explore la complexité spirituelle de la beauté et de l'âme.

Ainsi, l'auteur a trouvé dans la photographie un moyen de remodeler la réalité, de capturer des impressions et des émotions intemporelles. Son voyage à travers le monde, nourri de rencontres et de découvertes, l'a conduit à développer une sensibilité nouvelle, lui permettant de transcender les frontières culturelles et de partager son univers artistique avec les autres.


“Nous qui ne sommes

Que traces des signes

Faut-il vraiment

Que pour t'atteindre

Nous passions par tant de détours ?”

François Cheng.

Approcher, tendre vers la beauté, la simplicité, la sobriété du monde dans une photo !


  • Pour approfondir le sujet, une interview d'Anne-Line Roccati, ainsi qu'une biographie sont à consulter sur le site



English text.

This text offers us a photographic journey spanning over two decades, where the image becomes a notebook, transforming the brutality of reality into a reshaped and tolerable reality. The author discovers photography in his childhood, influenced by his parents working in the publishing of books by great photographers. His first encounter with a camera reveals the importance of this art in his life. Initially drawn to fashion photography, he finds satisfaction in creating aesthetic images that cater to the needs of fashion and advertising. This period lays the necessary technical foundation for his solitary journey across the world.

Inspired by the philosophy of Tao, the author questions the Western notion that one can achieve anything they desire. This emphasis on "outcome" suffocates him, and he seeks a deeper meaning in his life. During his travels around the world while working in aviation, he always felt that something was missing. It is on the island of Marie Galante, while taking photos on a volcanic beach, that everything becomes clear. Photography becomes his companion, teaching him to observe, listen, and focus.

In the 1990s, fashion photography captivates him. Having grown up in the world of publishing, fine arts, and advertising, he favors striking photos that require a "good idea." His influences come from photographers such as Helmut Newton, Pieter Lindberg, and Guy Bourdin, as well as the aesthetics of German cinema by Fritz Lang and Soviet films by Eisenstein.

Two decades later, he realizes how deeply this iconography has marked him. His incessant travels across the world provide him with material, and he discovers the artistic renaissance in Brazil. Music, cinema, street arts, Oscar Niemeyer's architecture, and photography flourish in Sao Paulo and Rio de Janeiro, offering the author an opportunity to participate in this movement.

Music, which has always structured his life, blends with other influences, creating colors and patterns of impressions and emotions. All this emotional material constructs a universe that he tries to share through his photography.

Then, Philippe arrives in Southeast Asia, where he settles in Bangkok in search of calm and breathing space after the excesses of South America. Immersed in Thai society, he realizes that his journey bears no resemblance to his Western illusions about Asia. His own complex story is overwhelmed by a profoundly different culture. He understands that his goal is not to recreate his West in the East but to transform and evolve his human and artistic universe through this new sensitivity.

Philippe Moisan emphasizes that the widespread notion of Asia's innate wisdom is a fantasy that does not correspond to reality. Finding balance is just as challenging, if not more so, as anywhere else. Suffering coexists with the rampant consumerism of the new middle classes, and it is up to each individual to temper their own wounds, understand their sources, and regain their breath.

It is a long apprenticeship that brings balance. Philippe chose to settle in this region because it offers him new perspectives that he tries to translate through his photography.

He now feels more attuned to the poetry of impressionist painters, who sought to express an impression of initial beauty, a spiritual impression, a breath of clarity and light, rather than getting lost in excessive conceptualization that leans more towards advertising slogans. The conceptual is bound to fail as it conveys an idea that will quickly become outdated, even futile and pretentious. Poetry and beauty elude the concept; they are timeless. Beauty, instinctive and universal, naturally draws our gaze.

He aligns himself with the thinking of François Cheng, a French writer of Chinese origin and a member of the French Academy. Through his works, Cheng explores the spiritual complexity of beauty and the soul.

Thus, the author has found in photography a means to reshape reality, capture timeless impressions and emotions. His journey across the world, fueled by encounters and discoveries, has led him to develop a newfound sensitivity, allowing him to transcend cultural boundaries and share his artistic universe with others.

"We, who are nothing more,

Than traces of signs,

Is it truly necessary,

That in order to reach it,

We must go through so many detours?"

François Cheng




























 

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